Philosophie du profil

Le profil est presque un jeu intellectuel, dans lequel il faut vouloir s’investir. Le profil est à « apprivoiser ». Il faut l’approcher avec une vision en trois dimensions de l’anatomie, ce que le « bagage » axial transverse de la TDM facilite beaucoup. Le profil est, avec la face, l’autre deux dimensions (2D) qui veut représenter le trois dimensions (3D) du réel anatomique.
Pour « apprivoiser » le profil, il faut d’abord le standardiser dans sa « facture » : profil toujours gauche (strict ou avec glissement). Il faut aussi le standardiser dans sa lecture : méthode propre pour le profil, proche de celle du cliché de face car tout aussi « concentrique », « contenant-contenu », en évitant là encore le syndrome du bikini. Le syndrome du bikini du profil est encore plus répandu. Il faut pourtant commencer, là encore, par la périphérie. On repérera quel est le liseré pleural postérieur en cause (lié aux grosses côtes ce sera le droit) puis quelle est la coupole en cause (effacée en avant ce sera la gauche). Au centre du profil, on enregistrera le fil à plomb du profil qu’est la clarté trachéale (avec en bas les deux clartés lobaires supérieures, la droite étant la plus haute). Ce n’est qu’alors que le lecteur orienté pourra situer les pyramides basales. Elles ne sont pas totalement superposées quand les « jambes » que sont les bronches principales sont écartées par un glissement (Fig 5, 6). Notre lecteur, orienté, pourra étudier les espaces clairs rétrosternal en haut et sous-hilaire rétrocardiaque en bas, que la face, même en haute tension, n’étudie pas bien.
S’il est vrai qu’un coup d’oeil panoramique de quelques secondes sur une RT de face décèle une anomalie pulmonaire et que le gain d’information obtenu par une inspection prolongée du cliché de face est souvent peu rentable, il en va tout autrement pour l’incidence latérale, pour des raisons anatomiques et techniques. L’incidence latérale résulte, en effet, d’un double effet de sommation, entre les deux plages pulmonaires d’une part, entre chaque plage pulmonaire et le médiastin d’autre part. Des interfaces nouveaux sont créés sur cette incidence qu’il faut apprendre à reconnaître. La visibilité d’une structure sur le profil dépend à la fois de sa densité propre, de l’apparition d’interfaces entre ses bords et les structures qui l’entourent, et des effets de tangente ou non du faisceau de rayon X. Encore et toujours en matière de RT, de profil comme de face, tout est affaire de « silhouettage ».
L’aorte est le meilleur exemple que nous puissions choisir :
– on sait que, de face, seul est silhouetté le bord gauche de l’aorte descendante et non son bord droit que l’on ne voit pas. De même, du fait de la graisse péricardomédiastinale, on ne voit pas sur le profil, l’aorte ascendante, sauf si elle est calcifiée... ou bien chez l’emphysémateux dont les languettes antérieures pulmonaires distendues viennent la silhouetter ;
– de profil, on ne voit donc de l’aorte que sa crosse le plus souvent ; l’aorte descendante (du sujet jeune) n’étant pas visible, car logée dans la gouttière costovertébrale. Chez le sujet âgé, le déroulement de l’aorte descendante la fait « glisser » hors de la gouttière, et le poumon gauche entoure alors le fût aortique qui devient visible.
 

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